C’est par cette acclamation de la doxologie que nous terminons le canon eucharistique. C’est aussi par cette affirmation que nous devons envisager la royauté du Christ. Cette fête qui clôture l’année liturgique nous parle de notre vocation, du projet de Dieu pour l’humanité…. Nous sommes faits pour être rois ! Et ceux qui ont conscience de leur dignité ne restent pas au coeur de ce monde sans le transformer en un Royaume de Justice et de Paix. Par des actes et des choix courageux, ils apportent une Espérance qui ne cesse d’affirmer la grandeur de la nature humaine.
Si le Christ règne, Il ne veut pas exercer seul sa charge de royauté sur le créé. Le projet du Père est bien de réaliser une Alliance. Nous sommes donc appelés à en partager la gloire par l’exercice des responsabilités qu’il nous confie au service de l’édification d’une civilisation en conformité avec sa loi : une civilisation de l’Amour. L’exercice de cette royauté commence bien sûr par l’action sur soi-même : « Les fidèles, disait st Jean-Paul II, vivent la royauté chrétienne tout d’abord par le combat spirituel qu’ils mènent pour détruire en eux le règne du péché (Rm 6,12) » (Jean-Paul II, enc. Christifideles laïci, 14). Le Christ veut ainsi associer les fidèles à l’exercice de sa royauté sur les institutions : « Par leur appartenance au Christ, Seigneur et Roi de l’Univers, les fidèles laïcs participent à son office royal et sont appelés par Lui au service du Royaume de Dieu et à sa diffusion dans l’histoire » (ibid.), et à « chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu (cf. Vatican II, Lumen gentium, 31) » (ibid., 15). Ainsi « ils vivent la royauté chrétienne (…) par le don d’eux-mêmes pour servir, dans la charité et dans la justice, Jésus lui-même, présent en tous ses frères, surtout dans les plus petits (Mt 25,40) » (ibid., 14). Le Christ est notre Roi, mais peut-on dire qu’Il règne quand tant de choses contredisent sa Parole. Pourtant il faut qu’Il règne jusqu’à ce qu’Il ait mis tous ses ennemis à ses pieds (cf. Co 15,25).
Le royaume de Dieu ne peut s’établir que sur un règne de confiance et d’alliance. Pour rencontrer Dieu, pour le voir, il faut être marqué au plus intime de notre être de sa Présence. C’est cela que nous recevons lors du baptême : nous sommes marqués du sceau de Dieu, de sa marque d’amour pour nous, du sacrement de son Royaume. Le christianisme est une Présence… Nous avons à percevoir en chaque personne cette dimension divine souveraine, qui la rend si unique et si nécessaire, unique aussi parce que nécessaire, chacun étant indispensable pour que la Création continue de s’achever. C’est pourquoi la célébration de l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne est indispensable pour nourrir cette Présence en nous et par nous, dans le monde.
Abbé Frédéric Fermanel
