Qui donne, reçoit... Qui se perd, se trouve... Qui aime, est aimé...

5 mai 2024

Pour Jésus l’une des premières caractéristiques de l’amour est de « demeurer » ? Que signifie « demeurer » ? Nous sommes dans une époque où les liens sont fragiles, où l’on « divorce par amour », où de jeunes couples se séparent après 6 mois de mariage, où l’on zappe, où l’on veut « changer de vie », éprouver du neuf, « se sentir vivre », « faire des expériences ». Le sens du verbe « demeurer » devient de plus en plus difficile à accepter… Pourtant « demeurer » est essentiel à l’amour. Lorsque le sentiment, la passion, s’efface, demeure la persévérance patiente, la volonté d’aimer. En grec, « demeurer » et « persévérance » ont la même racine (menein). Comme pour mieux nous dire qu’aimer est plus que le sentiment qu’on en a… À Gethsémani, le Christ est « demeuré » dans l’amour de son Père alors même qu’il suppliait que « la coupe s’éloigne » de lui et qu’il se sentait abandonné. C’est un mystère pour quiconque ne l’a pas personnellement vécu. Le Christ nous ouvre ainsi le chemin vers la vraie joie qui n’est ni le bonheur, ni la satisfaction, ni le contentement, ni le plaisir.
La joie, n’est-ce pas ce qui envahit le coeur lorsque nous nous donnons vraiment ? Comme la « pauvre veuve » devant le Trésor du Temple, elle qui a donné non pas seulement le « superflu » mais aussi le « nécessaire » (cf. Lc 21,3). Le Christ est mort comme une pauvre veuve, seul, sans enfants, sans ressources, sans amis présents, en donnant toute sa vie, le nécessaire comme le superflu… Mais il a reçu la joie… Cette joie nous l’éprouvons dans nos vies de manière fugitive. Entendons le Seigneur nous dire qu’il veut qu’elle soit parfaite, accomplie, débordante : « Donnez et on vous donnera ; c’est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante qu’on vous versera » (Lc 6,38). Il s’agit d’aimer « comme » Jésus, à sa manière, de donner au mot « amour » son sens le plus profond, le don, dont le signe est la « joie »
Jésus passe de l’image de l’amour qui « demeure » à celle des « amis » qui se connaissent bien et qui se confient l’un à l’autre. Certains disent d’un couple heureux qu’il a su introduire l’amitié au coeur de son amour mutuel. Comme si l’aspect un peu égocentrique de l’amour était relayé par une compassion, une écoute attentive du bien de l’autre, une amitié faite de force et de tendresse. Jésus sait que nous avons du mal à envisager une telle relation avec Lui. Nous Le voyons comme un maître (cf. Jn 13,13). Mais Jésus ne veut pas que nous soyons des serviteurs ignorants, serviles mais des « amis », engagés dans une oeuvre commune (cf. Jn 13,16-17). Que cette joie nous envahisse toujours davantage !
Abbé Frédéric Fermanel