L’unité que recherche Jésus et qu’il demande dans la prière au Père, l’unité qu’il veut avec nous, est de la même intensité et de la même profondeur que celle qu’il a avec son Père. Non une unité qui passerait par la réduction au même, une unité réductrice, uniformisante et menaçante. Mais bien tout le contraire : une unité fondée sur l’amour, sur le don de soi et sur un retour en surabondance, une unité qui fait apparaître des personnes uniques. Les lieux pour vivre l’unité sont multiples. En tout premier se situe le couple.
« Qu’ils soient un ! » Quel immense et beau défi pour un couple que de bâtir une union profonde où tout ce qui affecte l’un affecte l’autre, où le souci de l’autre prend le pas sur le souci de soi dans le respect du mystère de la personne dans son unicité inaltérable ! Il y a ici tout un chemin pour le témoignage de l’Église dans le monde d’aujourd’hui. Des couples se défont, des familles implosent, des enfants souffrent. La prière du Christ nous pousse à prier pour que les couples chrétiens deviennent toujours davantage des foyers de respect et d’unité, de don de soi inconditionnel dans une réciprocité toujours plus grande.
Ainsi, ce que Jésus vit avec le Père, c’est le type même des relations qu’il veut voir entre nous : une union profonde et un respect immense de l’autre ; l’unité ne doit pas faire peur mais doit être vécue comme une façon de faire grandir l’autre, la spécificité unique de chaque être. Dieu est unique mais il n’est pas solitaire ; Dieu est roi mais il n’est pas tyran.
Dieu sera unique non pas quand tout aura été réduit à l’identique ou réduit à lui-même, par effacement des individualités mais quand chaque être sera lui-même devenu unique comme lui-même l’est. La prière de Jésus reprend le dessein initial de Dieu : Une est l’humanité, Un est son Seigneur et Un sera son nom. « Alors, en ce jour-là », Dieu sera « tout en tous » sans que personne ne cesse d’être unique, ayant « sa place dans la cité sainte » (cf. Co 15,28).
Abbé Frédéric Fermanel