Nos amis les saints

2 novembre 2018

CHERS FRERES ET SOEURS, BONJOUR ET BONNE FETE  !
La première lecture d’aujourd’hui, du livre de l’Apocalypse, nous parle du ciel et nous place devant «  Une multitude immense  », incalculable, «  de toute nation, tribu, peuple et langue  » (Ap 7, 9). Ce sont les saints. Que font-ils «  là-haut  »  ? Ils chantent ensemble, ils louent Dieu avec joie. Ce serait beau d’entendre leur chant … Mais nous pouvons l’imaginer : savez-vous quand  ? Pendant la messe, quand nous chantons «  Saint, saint, saint, le Seigneur Dieu de l’univers …  ». C’est un hymne – dit la Bible – qui vient du ciel, qu’on chante là (cf. Is 6,3, Ap 4,8). Alors, en chantant le «  Sanctus  », non seulement nous pensons aux saints, mais nous faisons ce qu’ils font : à ce moment-là de la messe, nous sommes plus que jamais unis à eux.
Les saints sont proches de nous, en effet ils sont nos frères et soeurs les plus vrais. Ils nous comprennent, ils nous aiment, ils savent ce qu’est notre vrai bien, ils nous aident et ils nous attendent. Ils sont heureux et ils veulent que nous soyons heureux avec eux au paradis.
C’est pourquoi ils nous invitent sur le chemin du bonheur, indiqué dans l’Évangile d’aujourd’hui, si beau et si connu : «  Bienheureux les pauvres en esprit […] Bienheureux les doux […] Bienheureux les coeurs purs …  » (cf. Mt 5, 3-8). Mais comment  ? L’Évangile proclame les pauvres bienheureux, alors que le monde dit que les riches sont bienheureux. L’Evangile proclame bienheureux les doux, alors que le monde dit que les arrogants sont bienheureux. L’Evangile proclame bienheureux les purs, alors que le monde dit que les malins et les jouisseurs sont bienheureux. Ce chemin de la béatitude, de la sainteté, semble conduire à la défaite. Et pourtant – la première lecture nous le rappelle encore – les saints tiennent «  en main des palmes  » (v. 9), c’est-à-dire les symboles de la victoire. C’est eux qui ont gagné, pas le monde. Et ils nous invitent à choisir leur côté, celui de Dieu qui est saint.
Demandons-nous de quel côté nous sommes : celui du ciel ou celui de la terre  ? Vivons-nous pour le Seigneur ou pour nous-mêmes, pour le bonheur éternel ou pour quelque satisfaction immédiate  ? Demandons-nous : voulons-nous vraiment la sainteté  ? Ou nous contentons-nous d’être chrétiens «  sans honte ni louange  » [cf. Dante, La Divine Comédie, L’Enfer III, 35-36, ndlr], qui croient en Dieu et estiment leur prochain mais sans exagérer  ? Le Seigneur «  demande tout, et ce qu’il offre c’est la vraie vie – il offre tout -, le bonheur pour lequel nous avons été créés  » (Exhortation Apostolique Gaudete et exsultate, 1). En somme, la sainteté ou rien  ! Cela fait du bien de nous laisser provoquer par les saints, qu’ils n’ont pas eu ici-bas de demi-mesures et de là-haut sont nos «  supporteurs  », afin que nous choisissions Dieu, l’humilité, la douceur, la miséricorde, la pureté, afin que nous soyons passionnés par le ciel plutôt que par la terre.
Aujourd’hui, ces frères et soeurs ne nous demandent pas d’entendre une fois encore un bel évangile, mais de le mettre en pratique, de nous engager sur le chemin des Béatitudes. Il ne s’agit pas de faire des choses extraordinaires, mais de suivre chaque jour ce chemin qui nous mène au ciel, il nous y porte en famille, il nous y porte à la maison. Aujourd’hui nous entrevoyons donc notre avenir et nous fêtons ce pour quoi nous sommes nés : nous sommes nés pour ne plus jamais mourir, nous sommes nés pour jouir du bonheur de Dieu  ! Le Seigneur nous encourage et à qui prend le chemin des Béatitudes, il dit : «  Réjouissez-vous et exultez, car votre récompense est grande dans les cieux  » (Mt 5,12).
Angelus Domini nuntiavit Mariae… Pape François, Rome 1er nov. 2018.