Toi, suis-moi !

3 mai 2025

   Nous entendons dans l’Évangile de ce dimanche, alors que va s’ouvrir le Conclave pour élire un nouveau pape, ce dialogue émouvant entre Jésus et Pierre. « Simon, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Pierre avait auparavant tendance à croire en lui-même, en ses propres forces, à se mettre en avant, à faire, sûr de lui, des déclarations impétueuses (cf. Jn 13, 37 ; Mt 26, 33 ; Mc 14, 29-31 ; Lc 22, 33). M’aimes-tu plus que les autres disciples ? Es-tu le premier en amour, le plus grand ?

   Pierre connaît désormais sa faiblesse, il ne fait plus le fanfaron. Il sait tout ce qu’il doit à Jésus, il sait qu’il l’aime vraiment en retour, mais il préfère lui en laisser le jugement : « Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais. » Une deuxième fois, Jésus pose la question, et Pierre fait la même réponse.

   A la troisième fois, Pierre se rappelle son triple reniement. Ce souvenir de la trahison de celui qui l’avait tant aimé, le peine profondément. Mais il ne s’enferme pas dans le dépit, la culpabilité d’avoir été si lâche, il reconnaît sa fragilité, tout en ayant totalement confiance en Jésus et en son pardon, et en étant sûr que Jésus reconnaît son amour d’homme pécheur. « Seigneur tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. »

   C’est à cet homme-là que Jésus confie la mission d’être le pasteur de ses brebis, celui qui mettra par amour ses pas dans les pas du Bon Pasteur, et qui sera prêt le moment venu à donner sa vie. « Sois le berger de mes brebis. » - « Quand tu seras vieux, c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » Ce n’est pas Pierre qui l’affirme, mais Jésus qui voit en lui celui qui recevra la force de le suivre : « Toi, suis-moi. »

Abbé Frédéric Fermanel