Habité par l’Esprit

8 janvier 2022

Quel contraste entre notre méditation de Noël et celle d’aujourd’hui ! Au Messie caché et secret, dont tout le message tient dans le silence, succède aujourd’hui ce personnage impressionnant consacré par la parole céleste, celle du Père, et investi de toute la force de l’Esprit. Un autre Messie ou le même ? Le même Jésus bien évidemment, mais sous deux aspects que nous devons retenir l’un et l’autre. Car le Messie investi par la force de l’Esprit et portant en lui tout l’amour infini du Père est bien l’enfant de Bethléem. Le personnage exceptionnel, l’élu du Père, n’est autre que l’enfant de la crèche, l’un de nous, mais appelé à la vie de Dieu. C’est le premier naissant comme l’un de nous, identifié à la condition humaine, qui dévoile sa réalité de Fils vivant de l’Esprit de Dieu. Et de fait l’évangéliste Luc par quelques touches subtiles et rapides, laisse entendre que celui qui sort ainsi de l’onde est comme le premier-né de la nouvelle création, le nouvel Adam qui, ainsi que le premier, sort de l’abîme, mais pour être habité de l’Esprit, celui-là même qui de tous temps planait sur les eaux, et qui désormais habite en cet homme. En le décrivant ainsi, Luc nous fait comprendre que celui qui s’est identifié à la condition humaine, appelle cette condition humaine à la vie dans l’Esprit ; il met sous nos yeux l’homme nouveau, la créature telle que Dieu la veut ; il nous fait comprendre que, comme le Christ, nous sommes aussi appelés à vivre de son Esprit, à laisser demeurer en nous, pauvres êtres de chair, le parfait amour du Père.

Baptisés, créatures nouvelles, nous formons ce peuple messianique « ardent à faire le bien », qui se renouvelle sans cesse dans l’Esprit. Nous entendons, comme le dit Saint Paul, que cette grâce de Dieu est désormais manifestée pour le salut de tous les hommes. En Jésus, nous méditons sur la vocation de l’humanité : vivre de l’Esprit d’Amour de Dieu et ainsi naître à une vie nouvelle. Nous sommes appelés à vivre de la vie de l’Esprit, de la vie de Dieu même, tout en sachant que comme Jésus, une fois entrevue sa vocation divine, il faut désormais le suivre sur les routes banales et monotones de la vie ordinaire. Puissions-nous ne jamais oublier au milieu des difficultés, des échecs et de nos chutes, que l’Esprit nous habite, et que si nous lui sommes infidèles, Lui ne renie pas sa présence. Car nous sommes fils et filles dans le Bien-Aimé du Père.

Abbé Frédéric Fermanel